Dans un contexte de globalisation et de pression sur les coûts, de nombreuses entreprises ont cherché à se recentrer sur leurs activités dites “à forte valeur ajoutée” en externalisant la production. Ce modèle, incarné par la “fabless company”, visait une organisation plus légère, plus flexible, et supposément plus performante.

Pourtant, les faits démontrent que la détention et la maîtrise des actifs industriels demeurent un facteur clé de différenciation et un avantage compétitif durable.

1. La maîtrise industrielle comme socle de compétence

Posséder ses usines, c’est conserver la maîtrise du savoir-faire, des procédés et des compétences critiques.

La production n’est pas une simple exécution : elle constitue un réservoir de connaissances tacites qui nourrit l’innovation, la qualité et l’amélioration continue.

Une entreprise qui perd cette maîtrise perd également la capacité d’arbitrer en connaissance de cause sur ses choix techniques et économiques.

2. L’innovation ancrée dans le terrain

Les innovations les plus durables émergent souvent au croisement entre ingénierie, production et qualité.

Les sites internes sont des laboratoires vivants, où la proximité entre conception et exécution accélère l’expérimentation et l’industrialisation.

L’externalisation, au contraire, crée une distance qui freine la boucle d’apprentissage et l’agilité.

3. La résilience opérationnelle et la souveraineté industrielle

Dans un environnement volatil — tensions géopolitiques, ruptures d’approvisionnement, exigences réglementaires — la capacité à contrôler ses moyens de production devient un enjeu de résilience.

Les entreprises intégrées sont mieux positionnées pour réagir rapidement, sécuriser leurs flux et préserver la continuité de leurs opérations.

4. Une culture d’entreprise enracinée dans la réalité industrielle

Au-delà des aspects économiques, les sites internes incarnent une culture, un engagement collectif et un sens du produit.

Cette culture industrielle, difficilement transférable, constitue un actif immatériel majeur et un élément clé de la performance durable.

EMMANUEL DE RYCKEL